Les bandes dessinées Point de Contact
La prostitution de mineurs
Questions a Elvire arrighi
Elvire ARRIGHI
Commissaire divisionnaire – DCPJ
Chef de l’Office Central pour la Répression de la Traite des Etres Humains
Qu’évoque pour vous cette bande-dessinée ?
« Elle évoque un phénomène malheureusement de plus en plus répandu, qui est l’exploitation de jeunes majeures ou de mineures par des proxénètes qui se font passer pour leur protecteur, leur bienfaiteur, leur ami ou leur petit-ami. Attirées par l’argent facile, ces victimes voient dans la prostitution une forme de reconnaissance ou de valorisation. Elles se sentent autonomes. Elles sont dupées, car personne n’a le droit de leur faire ça, même si elles sont d’accord. Aujourd’hui en France, la moitié de la prostitution est une prostitution de jeunes filles françaises, dont beaucoup de mineures. »
Selon-vous, le signalement en ligne est-il un outil efficace pour lutter contre la prostitution de mineurs en ligne ?
« Les mineures et jeune majeures qui se prostituent utilisent énormément le vecteur des annonces en ligne pour trouver leurs « clients ». Il est donc tout à fait possible de tomber sur des annonces de mineures qui se prostituent sur internet, et de le signaler en ligne. Une enquête s’en suivra immédiatement, et il sera porté secours à la mineure dans la mesure du possible. Il est donc essentiel de procéder à ces signalements! Néanmoins, les mineures qui se prostituent affichent rarement leur âge sur les annonces, et il peut donc être difficile de détecter ce phénomène en ligne. »
Quels conseils donneriez-vous à une victime ou témoin?
« De s’adresser immédiatement à un service de police (commissariat, ou appel 17) ou d’appeler le 119. Souvent, on ne s’estime pas victime, parce qu’on croit « vouloir se prostituer » et l’avoir fait librement. Pourtant, profiter de la prostitution d’une mineure en tant que client, ou en tant que proxénète, est très grave et totalement interdit, même si la victime l’accepte, et même s’il n’y a aucune violence. Il ne faut pas se sentir coupable ou honteux de s’être prostituée. Des associations spécialisées pourront aider la jeune fille à reprendre, peu à peu, une vie normale et sécurisée. On peut même proposer à la jeune mineure d’être hébergée, et protégée, loin de son proxénète. Alors, n’hésitez pas! ».
Base légale
La loi du 4 mars 2002 dispose : « La prostitution des mineurs est interdite sur tout le territoire de la République » (article 13.I).
En vertu de la loi, « Tout mineur qui se livre à la prostitution, même occasionnellement, est réputé en danger et relève de la protection du juge des enfants au titre de la procédure d’assistance éducative » (article 13.II).
Remerciements à Pedro Junior illustration – www.pedro-junior.com
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Elvire Arrighi pour sa contribution
