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Questions à AXELLE DESAINT

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Axelle Desaint

Directrice du pôle éducation au numérique
Directrice d’Internet Sans Crainte
Coordinatrice du Safer Internet France

Qu’évoque pour vous cette bande-dessinée ?

« Cette bande-dessinée parle d’une situation très concrète dans laquelle les jeunes peuvent facilement se reconnaître qu’ils soient victimes, acteurs ou témoins d’une situation de harcèlement. Et c’est essentiel dans la sensibilisation de présenter des cas proches du quotidien des jeunes pour qu’ils se sentent concernés. Elle illustre à la fois un cas de harcèlement et le partage d’une photo dénudée sans le consentement de la personne photographiée. Les situations de harcèlement en lien avec la sexualité et la nudité (revenge porn, compte fisha…) augmentent et se banalisent avec le numérique. Cette bande dessinée est un bon support pour aborder avec les jeunes les questions d’intimité, de sphère privée et de consentement. Leur non respect est trop souvent le point de départ d’une situation de harcèlement. On voit aussi que la victime se confie et trouve de l’aide auprès d’une camarade. Ce point est important pour inciter les jeunes à oser parler, et valoriser le rôle clé des témoins dans la lutte contre le harcèlement. »

Selon-vous, le signalement en ligne est-il un outil efficace pour lutter contre le harcèlement?

« Les jeunes comme les adultes ne sont pas assez informés du cadre légal de leurs pratiques numériques. Le semblant d’anonymat, la distance que créé l’écran entre l’auteur de cyber-violence et sa victime, peuvent laisser penser qu’Internet est une zone de non droit. Pour un auteur de harcèlement ou de cyberharcèlement, savoir que son comportement est un délit l’aide à prendre conscience de la gravité de ses actes. Sans signalement, le harcèlement se poursuit et l’auteur reste impuni. Pour la victime, le signalement lui donne les moyens d’agir discrètement et anonymement pour sortir de l’isolement et faire cesser la violence. C’est aussi une manière de rompre le sentiment de honte que ressentent souvent les victimes : elles ne sont pas coupables, c’est leur harceleur qui commet un acte illégal qui doit être signalé et stoppé. C’est aussi très rassurant pour une victime de savoir qu’elle peut agir et que ce qu’elle a vécu ne restera pas impuni. »

 

Quels conseils donneriez-vous à une victime ou témoin?

« Parler. Il est essentiel que les victimes expriment leur souffrance et que les témoins osent alerter de tout comportement qui leur parait anormal ou les met mal à l’aise, dès les premiers mots ou gestes. Beaucoup de jeunes ne se sentent pas concernés par le harcèlement car ils ne sont ni auteurs ni victimes. Le témoin a un rôle clé dans les situations de harcèlement, il a le pouvoir d’agir pour aider la victime et interpeller le harceleur sur son comportement. Il est donc important de développer l’empathie des enfants et des ados, pour les aider à repérer la souffrance de leurs pairs et anticiper l’impact de leurs actes et paroles.
Avec Internet Sans Crainte, nous avons créé plusieurs outils en ligne pour travailler le respect de soi et des autres, développer l’empathie et sensibiliser les jeunes au cyberharcèlement. Ces ressources sont toutes disponibles sur notre site et dans la plateforme pHARe de l’éducation nationale. »

Base légale

LOI n° 2018-703 du 3 août 2018 renforçant la lutte contre les violences sexuelles et sexistes
Article 222-33 du code pénal « Le harcèlement sexuel est le fait d’imposer à une personne, de façon répétée, des propos ou comportements à connotation sexuelle ou sexiste qui soit portent atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant, soit créent à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante. »

LOI n° 2014-873 du 4 août 2014 pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes
Article 222-33-2 du code pénal « Le fait de harceler autrui par des propos ou comportements répétés ayant pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail susceptible de porter atteinte à ses droits et à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel, est puni de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 € d’amende. »

LOI n° 2022-299 du 2 mars 2022 visant à combattre le harcèlement scolaire
Article 222-33-2-3 du code pénal « Constituent un harcèlement scolaire les faits de harcèlement moral définis aux quatre premiers alinéas de l’article 222-33-2-2 lorsqu’ils sont commis à l’encontre d’un élève par toute personne étudiant ou exerçant une activité professionnelle au sein du même établissement d’enseignement. »

Remerciements à Pedro Junior illustration – www.pedro-junior.com

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Axelle Desaint pour sa contribution

Traduction